Hommage à Mohamed Mounib
Nous voici donc acculé par le destin amer. Pour rendre hommage à un militant de taille, Mohamed Mounib, qui vient de nous quitter subitement. Un homme de valeur. Mais encore. Qui consacra sa vie pour fédérer la mouvance amazighe, rassembler. Par conviction. Il fut notre carrefour à Agadir. Sa maison resta ouverte, quotidiennement. Il a écouté tout le monde. Et que de plaisir lui procuré l’action d’unir.
Un homme de valeur. Un combattant émérite. Un militant serein. Mounib nous lègue un espoir de grandeur et de défi.
Sans lui, Agadir est orpheline. Elle le pleure en silence. Mounib nous sert de repère. Loin des feux des projecteurs, il s’est activé bénévolement. Dans sa trajectoire, il a aspiré unir les mouvances amazighes. C’est son obsession et son noble objectif.
Mounib est un ami, et l’ami de tout le monde. Durant les années 90, en tant que rédacteur en chef du journal « TIDMI », je lui ai proposé de s’exprimer sur le « Dahir de 1930 », texte qui est exploité par les détracteurs de la cause amazighe, contre le mouvement estudiantin amazighe, au sein des universités marocaines.
Il m’a proposé d’organiser une conférence de presse à laquelle seront conviés des journalistes, toutes tendances confondues. Je le reçus au siège de « TIDMI ». Aucun journaliste n’a fait le déplacement. La peur. Le tabou.
Le résultat : un long entretien que j’ai publié dans la revue « Tifinaghe : n° 11/12 et 13 ». Par la suite, M. Mounib a constaté que l’impact de son entretien, en langue française est limité. Je lui ai suggéré une traduction en arabe. Chose qu’il a faite, en collaboration avec Afoulay (Elkhatir).
Conscient de l’importance du sujet, M. Mounib a transformé l’entretien en livre qui constitue une référence crédible pour la mouvance amazighe. Ceci comme témoignage. Son livre constitue une démystification d’une supercherie, pour nous restituer une mémoire lacérée, faire tomber les masques.
Mais Mounib est plus grand. Très grand. Il agit sans calcul. Donne l’exemple. Que d’activistes il a reçu : canariens, kabyles, tunisiens amazighes, libyens amazighes, et militants de la Diaspora : chercheurs, militants, artistes et créateurs.
Que ton âme repose en paix Dda Mounib. Toi qui incarne la modestie et la grandeur de notre culture millénaire ; toi qui a agi loin des feux des projecteurs, préférant l’action de terrain, apportant ton aide morale et financier généreusement aux militants et aux cadres associatifs. Tu as tenu la dragée haute. Tel un aigle des hauteurs, tu as refusé les compromissions. Tu avais des convictions qui ne servent de repère. Tu fus un modèle d’endurance et d’espoir.
Tu as lutté contre un état castrateur, producteurs de frustrations et de déception. Tu as usé pacifiquement de tous les leviers et moyens légitimes pour revaloriser er revigorer notre combat. Le tien. Le notre.
Tu n’as jamais, jamais cherché à profiter. Tu donnais. C’est grâce à toi que des dizaines d’étudiants ont réussi leur carrière. Grâce à toi que nos cadres associatifs ont pu, dignement organiser leurs activités.
Tu étais paisible et serein. Que de groupes de musique, que d’humoristes, que d’artistes te doivent leur reconnaissance. Toi qui leur a permis de briller, d’accéder à la notoriété. L’amazighité ne constituait pour toi ta raison d’existence, elle constituait ta raison d’être.
Je rends un vibrant hommage à ta famille, tes enfants auxquels tu as inculqué le sens de l’endurance et de la grandeur.
Tu nous as permis de comprendre les rouages d’une administration hostile à notre culture. Tu nous as appris le sens d’un combat juste pour une cause juste.
Tu es né pour servir un combat. Le notre. Le tien.
Ta lutte n’est pas vaine. Ton optimisme porte ses fruits.
Tu appartiens à la race des guerriers, de la parole donnée. Tu fais la grandeur du peuple amazighe et de ces valeurs pérennes.
Repose en paix. Tes enfants ont repris le flambeau.
Paix à ton âme.