Des cadres amazighs critiquent le mépris de l’État envers ses obligations constitutionnelles de la langue amazighe


Les cadres associatifs et les dynamiques amazighes participant au deuxième débat national sur les perspectives d’action du mouvement amazigh et la coordination de ses luttes se sont réunis le samedi 5 octobre 2025, à l’invitation de l’Association marocaine pour la recherche et les échanges culturels (AMRIC) à Rabat, afin de discuter des moyens de développer les actions conjointes amazighes et d’en envisager les perspectives d’avenir.

Selon le communiqué publié à l’issue des travaux, cette rencontre s’inscrit dans la continuité du premier débat organisé à Agadir dans le cadre de l’université d’été, au cours duquel les quatre commissions issues de la première rencontre ont présenté des documents et des visions globales concernant les domaines de l’ l’organisation et le travail commun, le travail juridique et international, le discours et le travail intellectuel, et l’observatoire amazigh des politiques et des institutions.

Le communiqué a réaffirmé sa vive condamnation de la situation critique dans laquelle se trouvent aujourd’hui la langue, la culture, l’identité et la civilisation amazighes, après des décennies d’exclusion et de marginalisation, considérant que la consécration de l’amazigh dans la Constitution de 2011 ne s’est pas traduite par des politiques concrètes et que l’acquis constitutionnel a été vidé de son contenu en raison de l’absence d’une véritable volonté politique de mettre en œuvre les dispositions constitutionnelles et la loi organique relative à l’amazigh dans les institutions de l’État et les différents domaines de la vie publique.

Les cadres réunis ont critiqué le fait que l’État et les gouvernements successifs depuis 2011 se soient soustraits à leurs obligations constitutionnelles et leur échec à généraliser l’enseignement de la langue amazighe à tous les niveaux, à l’intégrer dans l’enseignement supérieur et les centres de formation, ainsi que la faible présence de l’amazigh dans les médias, la culture, la justice, les administrations, les collectivités territoriales et les documents officiels. Le communiqué a également souligné l’absence de plans d’action clairs au sein des ministères et des institutions, le manque d’allocation des ressources humaines et financières nécessaires, en particulier dans les domaines de l’emploi et de la formation, et l’absence d’inscription des budgets alloués à l’amazigh dans les lois de finances annuelles.

Le communiqué a averti que cette exclusion systématique et cette évasion constante menacent de faire perdre confiance dans le contrat constitutionnel et juridique, dans l’utilité du travail institutionnel et dans la défense civile, et pourraient également créer un environnement propice aux tensions sociales et à des réactions dont la nature ou les conséquences sont difficiles à prévoir.

Dans le même contexte, les cadres amazighs ont exprimé leur rejet du mépris de l’État et des gouvernements successifs à l’égard des aspirations de la société et de leur ignorance des cadres et des expressions civiles, politiques et juridiques qui représentent sa voix et encadrent ses revendications, en particulier celles liées à la justice sociale et territoriale, aux droits individuels et collectifs aux ressources et aux richesses, ainsi qu’à l’identité culturelle et linguistique amazighe.

La déclaration a également dénoncé l’ignorance par les autorités des revendications légitimes des victimes du grand séisme de l’Atlas qui n’ont pas bénéficié de l’aide à la reconstruction, ainsi que la souffrance persistante des jeunes Marocains en quête d’une vie décente grâce à une bonne éducation, une bonne santé, des opportunités d’emploi et la lutte contre la corruption, appelant à écouter ces revendications et à y répondre de manière positive.

Les cadres réunis ont réaffirmé leur rejet absolu de l’usage de la violence, quelle qu’en soit la source, condamnant les actes de violence et de vandalisme qui ont accompagné certaines manifestations de jeunes, tout en soulignant l’importance de respecter les règles de la manifestation pacifique pour exprimer des revendications légitimes.

Au niveau organisationnel, le communiqué annonce l’engagement des cadres associatifs et des dynamiques participantes dans la préparation de mécanismes organisationnels et de plans d’action communs, sur la base des documents et des projets présentés par les quatre commissions du débat national, qui comprennent les axes de travail sur les droits humains et internationaux, le discours et le travail intellectuel, l’observatoire amazigh des politiques et des institutions, l’organisation, le travail commun et la coordination nationale amazighe, dans le cadre d’une conception moderne, pratique et indépendante.

Il a également été décidé de former une commission préparatoire chargée de mettre en place ces mécanismes et de veiller à la mise en œuvre des conclusions de la conférence, composée de représentants des cadres et des dynamiques participants, et d’annoncer l’organisation de la troisième rencontre de la conférence nationale à Meknès, sous l’égide de l’association « ASID », au cours de la période à venir.

À la fin du communiqué, les cadres, les associations, les acteurs, les chercheurs et les militants amazighs de différentes générations ont été appelés à travailler sérieusement, à coordonner leurs actions sur le terrain et sur le plan intellectuel, et à lancer des dynamiques nouvelles ou complémentaires, selon les visions et les attentes de chaque génération, afin de réaliser les revendications en matière de droits et de démocratie et de mettre en œuvre les dispositions constitutionnelles relatives à l’amazigh dans ses dimensions linguistique, culturelle, identitaire, sociale et territoriale.


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