500 millions d’€ pour la valorisation durable de 494 kasbah en partenariat avec l’ONU


Une stratégie intégrée destinée à ces patrimoines amazighs à l’horizon 2026

494 iɣrem (kasbah) dans le Sud-Est du Royaume seront valorisés dans le cadre de la stratégie intégrée destinée à ces espaces architecturaux amazighs marocains à l’horizon 2026. Le chiffre est précisé, lundi après-midi à Rabat, par la ministre de l’aménagement du territoire national, de l’urbanisme, de l’habitat et de la politique de la ville, lors de la présentation de cette stratégie. Tel qu’elle le précise, ces lieux abritent «170.000 habitants dont 90% sont dans le milieu rural». «Un montant de 5,3 milliards DH est estimé pour la concrétisation de ces objectifs», détaille Nezha Bouchareb qui indique que la mise en œuvre de cette stratégie s’étalera sur deux étapes avec des retombées financières.

Le plaidoyer du PNUD (Programme des Nations unies pour le développement)

Martine Therer, représentante résidente adjointe du Pnud au Maroc

Egalement de la partie, Martine Therer, représentante résidente adjointe du Pnud au Maroc, partenaire de cette stratégie, ne manque pas de s’exprimer sur ce «patrimoine culturel unique qui fait partie de l’identité du Maroc».
«C’est aussi un patrimoine qui fait mon émerveillement», s’enthousiasme-t-elle. A propos de la stratégie, Mme Therer précise que «ce projet est, pour le Pnud, très stratégique parce qu’il touche les plus démunis et répond à l’esprit du programme 2030 pour les ODD». L’intervenante, qui cite tout comme la ministre le nouveau modèle de développement en tant que soubassement de cette stratégie, estime que ce projet est également inhérent à d’autres thématiques comme «l’assainissement, la gestion traditionnelle de l’eau, l’énergie propre et l’adaptation au changement climatique».
Mme Therer met également en avant la réhabilitation de ces ksour et kasbah «en apportant aux habitants le confort moderne sans modifier les spécificités urbanistiques et civilisationnelles de ces habitations tout en répondant aux besoins de la population locale». Mieux encore, cette stratégie est, pour elle, pertinente dans le contexte de «crise sanitaire». «Ce programme peut jouer un rôle de relance post-covid pour ces populations», commente-t-elle en appelant à y développer le tourisme rural, l’entrepreneuriat et l’économie numérique entre autres.
Le tout en impliquant les femmes et jeunes, voire en stabilisant les populations dans ces régions.

10 milliards d’investissements indirects

Entre 2022-2026 et 2027-2030, la stratégie permettra, comme l’explicite la responsable gouvernementale, de «créer 530.000 jours de travail outre des investissements indirects de l’ordre de 10 milliards DH». Elle permettra également de créer «790 activités génératrices de revenu (AGR) destinées, en outre, à consolider les compétences avec un investissement global de 180 millions DH en plus de la création de 4000 emplois directs». «Ce qui aura un grand impact sur le niveau de vie de la population locale ciblée», enchaîne la ministre qui s’exprime sur plusieurs directives.

Des orientations stratégiques de taille

Il s’agit en premier, selon Mme Bouchareb, de «la réforme du mécanisme juridique pour un ciblage étudié et une meilleure convergence des interventions via un cadre institutionnel pour la durabilité de l’intervention en matière des ksour et kasbahs». En deuxième lieu, il est, pour elle, question, d’intégrer ces lieux de vie dans «les priorités des programmes de lutte contre l’habitat insalubre et de disparités spatiales en vue d’améliorer les conditions de vie dans ces espaces via la restauration des bâtiments menaçant ruine et la mise à disposition d’équipements en encourageant la création d’AGR en tourisme, agriculture et artisanat». La mise à niveau des ksour et kasbah comme l’un des mécanismes contribuant au développement local durable étant une troisième orientation.
Pour ce faire, un programme de développement adapté aux particularités de ces lieux est évoqué par la ministre qui avance, comme quatrième orientation, la création d’une «nouvelle dynamique économique dans ces endroits en créant des AGR à haute valeur ajoutée». En cinquième lieu, l’intervenante met également en avant la mobilisation des ressources financières pour garantir le financement des interventions outre un cadre fiscal régional dédié à la réalisation des objectifs escomptés. A ce propos, la ministre fait une annonce importante.

Un fonds pour valoriser les ksour et kasbah

«Un fonds réservé à la valorisation des ksour et kasbah sera créé sur la base des contributions des différents partenaires nationaux et internationaux concernés par le traitement des problématiques des ksour et kasbah ainsi que l’espace oasien», ajoute-t-elle à propos de la cinquième orientation. Pour elle, cette mobilisation des ressources nécessite aussi un «cadre fiscal incitatif pour encourager l’investissement dans ces zones doublé de la création d’emplois».
En dernier lieu, la sixième orientation porte sur la valorisation des ressources humaines locales comme l’un des piliers du développement intégral via le développement de compétences locales et de nouvelles techniques pour redonner à ce patrimoine historique son lustre d’antan. Le tout en portant un intérêt particulier à la formation continue en activités, arts et métiers locaux. Aux yeux de Mme Bouchareb, cette orientation nécessite un plan de communication et de sensibilisation sur l’importance de ces espaces comme forme d’habitat qui correspond aux conditions économiques et environnementales dans la région et comme produit d’écotourisme et culturel.

17 opérations de restauration

Ce sont 17 restaurations qui ont, pour l’heure, été faites comme l’indique la ministre. «Depuis 2015, le ministère met en œuvre, avec le Pnud, un programme pilote pour valoriser les ksour et kasbah au Maroc», rappelle-t-elle. Ce programme porte sur 22 ksour choisis selon des normes objectives. Un budget de 248 millions DH a été alloué à ce programme destiné à 3 régions, 7 provinces et 20 communes. Ce programme a également amélioré le cadre d’habitation pour 22000 personnes et la promotion de l’économie sociale pour la population locale notamment les catégories les plus vulnérables. 26 AGR ont été aussi financées au profit de 1000 bénéficiaires dans le cadre de ce programme et 1200 emplois directs ont été créés. Comme il a permis à des métiers locaux et matériaux de construction de récupérer leur lustre d’antan comme le rappelle la ministre qui ne manque pas de citer des discours royaux appelant à valoriser les ksour et kasbah.

Salima Guisser


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